J’ai un attachement tout particulier pour le Chili. Sa beauté sauvage, sa géographie de l’extrême, une forme d’insularité – entre Pacifique et Cordillère - qui lui donne du caractère. Une très vive et fidèle amitié, de plus de 35 ans maintenant, me lie définitivement à ce pays… Voilà pourquoi la révolution sociale, qui gronde maintenant depuis plus d’un mois, me touche infiniment.

Faire
tomber nos murs de sécurité pour rencontrer l’autre
C’est
en s’appuyant sur cette observation (parmi d'autres) que Jean Vanier fonde sa
réflexion sur ce qui nous sépare et nous empêche de rencontrer l’autre
différent. Chaque groupe, chacun d’entre nous, est enfermé dans ses murs de
sécurité qui se nourrissent de nos peurs enfouies au fond de nous, de nos
blessures les plus profondes parce que, sans toujours en avoir conscience, nous
avançons avec nos fragilités originelles, nos vulnérabilités. Celles-là même
qui motivent nos besoins de reconnaissance, nos désirs de possession, notre
course effrénée vers les succès. Ce sont ces murs de sécurité – physiques comme
psychologiques – qui nous enferment, assèchent nos existences en nous empêchant
d’aller vers l’autre différent : « les riches qui ont peur des
pauvres », « les pauvres qui ont peur des riches », les
personnes dites « normales » qui craignent d’aller au contact des
personnes en situation de handicap…
Un
cri se fait entendre, c’est un appel à abattre progressivement les murs, à nous
libérer de ce qui nous entrave, nous emprisonne, pour aller, avec élan, à la
rencontre de l’autre différent, fragile, faible et nous ouvrir à une fraternité
universelle.
C’est ce cri qui nourrit mon engagement aujourd’hui… et c’est ce
cri - je le souhaite du fond du cœur, qui permettra aux Chiliens de se
réconcilier autour de plus de justice.