vendredi 7 octobre 2022

Handicap dans les médias : entre retard et espoir

Les médias sont-ils suffisamment ouverts au handicap ?

La journée mondiale du handicap le 9 octobre prochain est l’occasion de se poser la question de la représentation du handicap dans les médias – qu’il s’agisse du recrutement de personnes handicapées, des sujets traités et de la visibilité accordée à cette partie de la population.

Entre chemin parcouru et raisons d’espérer, de nombreux défis sont encore à relever, dont il est urgent de s’emparer ! Car il s’agit là d’un véritable enjeu de société : savez-vous que le handicap touche aujourd’hui 12 millions de personnes en France, dont 80% de handicap invisible et 9 millions d’aidants ? Du côté de l’emploi, 14% de personnes en situation de handicap sont au chômage contre 8% pour l’ensemble de la population.

Dans ce contexte, les médias ont un devoir d’évoluer sur ce sujet. Une responsabilité même car ils ont un pouvoir d’information puissant et un potentiel d’influence jamais égalé jusqu’ici. Après tout, la télévision ne devrait-elle pas être un miroir de la société ?

Entre retard, évolution des mentalités et initiatives louables, les médias seraient-ils en train de faire leur mue ? 

Handicap & médias : du retard et des obstacles à lever

Le dernier rapport du CSA (2020) dresse un constat sans appel : la représentation du handicap reste marginale sur les écrans avec un taux qui stagne à 0,6%. Et si le taux d’emploi des personnes en situation de handicap s’élève en moyenne à 3,9% tout secteur confondu, le secteur de la communication et de l’information fait figure de mauvais élève avec un taux d’emploi de 2,2 % (source : DARES) … loin de l’obligation légale qui place l’objectif à 6%.

A ces chiffres aussi éloquents que préoccupants, s’ajoute une représentation faussée : le handicap moteur serait sur-représenté à hauteur de 26% (pour 850 000 personnes à mobilité réduite) contre 10% pour les déficiences visuelles (1,5 million de personnes) et auditives et seulement 1% pour la trisomie. Trop souvent encore, le handicap s’apparente au fauteuil roulant ou la canne blanche alors qu’il existe de nombreuses maladies psychiques, chroniques ou évolutives invalidantes.

Finalement, la seule visibilité « historique » dans les médias audiovisuels reste le Téléthon et la revendication d’une visibilité plus juste est relativement récente.

Du côté de la représentation publicitaire dans les médias, même constat : le handicap est présent dans moins de 1% des créations publicitaires selon le baromètre Kantar2021. Soit 939 annonceurs à avoir intégré dans leurs messages le handicap, sur un marché potentiel de 50 000.

Un autre frein revient parfois, souligné par certains journalistes en situation de handicap : la crainte d’être enfermé dans leur identité de personne handicapée qui ne traiterait que des sujets de handicap.

Plus largement au niveau du traitement de l’information, comment naviguer entre héroïsation et misérabilisme pour de justes représentations du handicap ? La diffusion des jeux paralympiques met en scène des athlètes en situation de handicap qui doivent dépasser leurs limites, véhiculant l’image de « supers héros », loin de la réalité qui concerne des millions de personnes aux situations bien différentes.

Conscients de leurs limites et de leur responsabilité, les médias seraient-ils en train d’évoluer et d’impulser un mouvement qui contribue, de manière décisive, à un changement d’attitude face au handicap ? En dessinant un autre horizon et en remédiant à nombreuses ignorances, un nouveau paysage médiatique semble se profiler…

Une prise de conscience et des raisons d’espérer…

Face à ce fossé qui existe entre handicap et bonne compréhension du handicap, les grandes entreprises de médias et de la communication ont fait de véritables avancées. Dès 2007 et faisant figure de pionnier, TF1 créait une Mission Handicap et emploie aujourd’hui 4,59% de personnes en situation de handicap. Plus récemment, en 2021, Radio France a lancé son programme Egalité 360 destiné à atteindre 4% d’emploi direct.

En parallèle, les grandes chaines et médias phare multiplient la diffusion de programmes de sensibilisation parmi lesquels les épreuves handisport des JO qui participent à la démocratisation du sujet ; la série Vestiaires diffusée à une heure de grande écoute sur France 2, partageant avec humour et dérision la vision de deux nageurs handicapés qui se retrouvent chaque semaine pour leur entrainement ; le lancement d’une nouvelle série consacrée aux maladies mentales et psychiques « Mental » par France Télévisions ; la diffusion récente sur TF1 à 21h du film Handigang mettant en scène des lycéens dénonçant le manque d’accessibilité… et tout dernier né, le podcast Rebond du Monde initié en juin 2022 qui interroge des personnalités sur leur rapport au handicap et la façon dont elles vivent avec.

Le sujet du handicap dans les médias suscite aussi des questions du point de vue de l'accès à l'information. Tendance encourageante : 6 chaînes ont augmenté leurs offres de programmes sous-titrés tandis qu’en avril 2018, est créé Média’Pi ! , un site d’info générale en langue des signes pour sourds et malentendants. Notons aussi que le débat présidentiel de l’entre-deux tours a été complètement sous-titré en langue des signes par 4 personnes, 2 par candidat. Une première.

La publicité n’est pas en reste : le baromètre Kantar observe un tournant en 2021 avec davantage de créations 100% inclusives au sein desquelles les personnes en situation de handicap figurent au titre de citoyens ou de consommateurs lambda. Autre tendance : les marques – dont les consommateurs attendent certes qu’elles endossent désormais un rôle citoyen - n’hésitent plus à afficher dans les médias des égéries aux parcours atypiques. Même la mode s’est emparée du sujet ! Ellie Goldstein, jeune femme trisomique, est devenue le mannequin de Gucci en 2019 et se retrouve désormais à la Une de magazines de mode. La marque américaine Tommy Hilfiger s’est également exposée dans les médias avec une nouvelle ligne de vêtements inclusifs, « Adaptive », dédiée aux personnes en situation de handicap.

Enfin, de nouveaux relais ont émergé sur les réseaux sociaux. Les influenceurs se font le porte-voix de consommateurs handicapés connectés et contribuent à normaliser l'image du handicap associé à des marques de beauté ou de prêt-à-porter. Sur Instagram, certaines jeunes femmes s'affichent avec leur fauteuil roulant ou leur prothèse. YouTube voit désormais fleurir de nouveaux tutos beauté délivrés par des influenceuses comme Kaitlyn Dubrow, amputée des quatre membres. En France, l’athlète quadri-amputée Théo Curin, en plus de la natation, prouve que tout est possible grâce à ses interventions très médiatisées comme acteur, conférencier et top model. 

Gageons que ces transformations contribuent à mettre un terme à la marginalisation et aux idées reçues. En rendant visibles les personnes en situation de handicap pour la société, en valorisant leurs compétences plutôt que les incapacités et enfin en améliorant le degré de connaissance générale du grand public sur le sujet du handicap, les médias permettront la construction d’une société plus inclusive, plus juste et plus équitable.

C’est tout le sens d’ailleurs de la campagne nationale et multimédia de sensibilisation déployée par le gouvernement, sous l’impulsion de l’ex-secrétaire d’Etat au handicap Sophie Cluzel début 2022, qui avait pour slogan : « Voyons les personnes avant le handicap ! ».

Là aussi, une première depuis 16 ans.

Retrouvez Kate Grant, une mannequin porteuse de trisomie 21, égérie d'une marque de cosmétique


mercredi 5 octobre 2022

jeudi 11 novembre 2021

La compagnie Gruss au service de la recherche : venez en famille !

En cette montée vers Noël, vous rêvez de vivre ou d’offrir des instants féériques à ceux que vous aimez, tout en servant la recherche génétique ?

Venez voir les Folies Gruss, un spectacle qui vous plongera dans un univers animé par 35 chevaux, 15 artistes et un orchestre pour une douzaine de tableaux.

Acrobaties, travail en liberté, haute école, disciplines saltimbanques et aériennes vous attendent. Réservez sans plus attendre !

 Sous le Haut Patronage de S.A.S le Prince Albert II de Monaco

et sous le parrainage d'Ari Vatanen, Champion du monde des rallyes,

Les lundi 13 et mardi 14 décembre 2021, la Compagnie Alexis Gruss offrira les recettes de ses spectacles au profit de la Fondation Jérôme Lejeune, qui œuvre quotidiennement à la recherche sur les maladies de l’intelligence d’origine génétique.

Pour réserver vos places, c’est ici !

 « Je veux que les gens sachent que l’esprit de famille, le don de soi, le gout du travail et la recherche du beau sont les valeurs qui nous animent. La Fondation Lejeune est de notre famille, elle effectue un travail formidable et nous voulons avancer avec elle. Je souhaite qu’aucun des lecteurs de cette page ne manque notre rendez-vous. Nous vous attendons en famille et nous serons heureux de vous rencontrer à la fin du spectacle. »

 Alexis Gruss, maître écuyer et fondateur

 Une telle invitation ne se refuse pas ! Retrouvons notre âme d'enfant et retrouvons-nous là-bas!

 Si vous souhaitez devenir partenaire de ces soirées, n’hésitez pas à demander le dossier de partenariat à orochette@fondationlejeune.org


lundi 1 mars 2021

40 % des patients morts du Covid sont en situation d’obésité ou de surpoids : à quand la prévention ?

L'obésité est un handicap physique, psychologique et social. Alors que les personnes obèses devraient recevoir de la compassion, elles ne subissent que discriminations. Cela commence dès l’enfance où la cruauté des cours d’école n’est plus à prouver.

A l'occasion de la journée mondiale contre l'obésité (4 mars), j'ai eu la chance d'échanger avec Anne-Sophie Joly, l'énergique Présidente du CNAO (Collectif National des Associations d'Obèses) qui appelle à un plan décennal de prévention et de prise en charge de l'obésité. Plus que jamais une urgence à l'heure où 47% des patients infectés par le virus du Covid entrant en réanimation sont en situation d'obésité.

Notre discussion a donné lieu à une tribune que j'ai le plaisir de partager avec vous et qui vient d'être publiée dans le JDD. Chacun a son rôle à jouer dans ce combat, à commencer par le regards que nous portons sur ces personnes souvent victimes de grossophie.

Lisez plutôt :

Si la pandémie actuelle masque l’autre épidémie qualifiée de « mondiale » par l’OMS – celle de l’obésité -, elle pourrait à la lueur de macabres chiffres être un accélérateur de la prise de conscience de nos gouvernants que l’obésité doit être reconnue impérativement comme une pathologie en France. Et faire l’objet d’un plan décennal interministériel ambitieux au même titre que le plan cancer qui vient d’être annoncé. Car le constat est alarmant et sans appel : si on avait fait le choix en France d’une véritable prise en charge de l’obésité en tant que maladie chronique, comme notre collectif le réclame auprès des pouvoirs publics depuis des années, la France n’afficherait pas aujourd’hui le chiffre funeste de 83 000 morts du Covid. Car après les personnes âgées, ce sont les personnes ayant des problématiques de poids qui sont en réanimation et qui décèdent.

Un triste record d’hospitalisations et de décès détenu par les personnes souffrant d’obésité

Les chiffres sont éloquents et les données scientifiques concordantes : l’obésité, qui touche plus de 8 millions de personnes en France, soit 15 % des adultes, est une pathologie à très haut risque de forme grave de Covid-19. Ainsi, 47 % des patients infectés entrant en réanimation sont en situation d’obésité, indépendamment de l’âge, de l’hypertension artérielle, du diabète ou d’autres maladies associées, tandis que l’obésité concerne 40 % des personnes décédées. Face à ces faits incontestés, comment accepter le calendrier vaccinal du gouvernement qui place les personnes souffrant d’obésité en 3ème étape, soit au mieux en juin, alors qu’elles devraient être prioritaires ? Faut-il en arriver à cette extrémité pour déclarer l’obésité « grande cause nationale avec un plan décennal » ? Il n’est jamais trop tard !

Covid-19 comme une 19ème pathologie associée à l’obésité

8 millions de Français attendent qu’elle soit reconnue comme une maladie grave et invalidante, à l’origine de 19 pathologies aux conséquences lourdes voire fatales pour certaines : diabète, hypertension artérielle, complications cardiovasculaires et désormais Covid-19 dont le nom sonne tristement l’avènement d’une 19ème pathologie qui vient s’ajouter à un tableau déjà bien lourd. Faut-il attendre pour agir que les chiffres de cette épidémie mondiale galopante s’aggravent comme le laissent penser les projections soulignant l’explosion des personnes en surcharge pondérale ? D’ici 2030, une personne sur 5 sera touchée en France (la moitié aux États-Unis !). Au sein de l’OCDE, ce sont la moitié des adultes qui sont en surpoids ou obèses ! Et aujourd’hui, surpoids et obésité tuent 2,8 millions de personnes par an dans le monde !

Tant de sacrifices, auxquels s’ajoutent des conséquences psychologiques et sociétales désastreuses, les personnes obèses étant victimes d’une véritable grossophobie. Dans ce contexte, nous réclamons d’urgence une stratégie décennale de lutte contre l’obésité qui repose sur 4 piliers : reconnaissance, prévention, formation et prise en charge. 

Un plan décennal « obésité » en 4 axes stratégiques

Notre combat n’est pas nouveau mais plus que jamais, l’obésité doit être reconnue par la France comme étant une maladie chronique, tout comme l’OMS et plus récemment l’Italie ou l’Allemagne l’ont fait. C’est la condition indispensable à une meilleure prise en charge – notamment diététique et psychologique. C’est à cette condition également que pourra évoluer le regard de la société sur les personnes obèses : en étant déclarée « maladie », stigmatisation et discrimination devraient reculer au profit de regards plus compréhensifs et bienveillants.

Nous demandons que cette reconnaissance s’accompagne d’un plan ambitieux de prévention et de prise en charge holistique de cette pathologie. En déplaçant son coût estimé à 22 millions par an (1 % du PIB) vers un plan de prévention centré sur la nutrition, l’accompagnement psychologique et physique, des exigences face à l’industrie agroalimentaire, un programme d’urbanisation encourageant la pratique du sport, nous enrayerons les courbes exponentielles et les données mortifères de l’obésité.

Enfin, c’est en bénéficiant d’une formation dédiée que les professionnels de santé seront en mesure d’accompagner les patients, au plus près de leurs besoins, et de dispenser une prise en charge adaptée à la pathologie. A cet effet, les étudiants en médecine devraient avoir la possibilité de choisir une spécialité en obésité, que nous revendiquons.

C’est alors que l’on pourra dire, collectivement, que la crise du Covid-19 aura tristement au moins servi à cela : l’activation d’un plan gouvernemental audacieux de prévention et de formation pour que… « plus jamais… ». Le gouvernement actuel et le suivant devront rendre des comptes à 33 millions de personnes en surpoids, 8 millions en situation d’obésité et surtout tirer les enseignements de la pandémie. Nos dirigeants ne peuvent plus se permettre d’attendre.