dimanche 22 décembre 2019

Noël, l'occasion de (re)découvrir Jonathan Livingstone le Goéland… célébration de la différence ?


Mon cadeau de fin d’année, le voici : un petit livre d’une soixantaine de pages… mais un grand texte empli de poésie ! Un hymne à la liberté, oui, bien sûr… mais pas que… En le redécouvrant, j’y ai vu un véritable éloge de la différence. Un appel à considérer nos limites – nous en avons tous -  autrement.

Jonathan n’est pas un goéland comme les autres. Sa seule passion, c’est de voler, toujours plus vite, toujours plus haut. Incompris des autres goélands qui l'incitent à rester dans le chemin conforme, il est chassé du clan. Il poursuit, solitaire, sa quête de liberté et d’absolu, en combattant ses propres limites et celles imposées par le regard de la communauté.
« Selon Chiang, la bonne méthode pour Jonathan consistait à cesser de se considérer lui-même comme pris au piège d’un corps limité par les trois dimensions, ayant une envergure d’un mètre sept centimètres et dont les déplacements pouvaient être tracés sur un planisphère. »

Jonathan prend alors conscience de son infinitude et en ressent un choc joyeux : « Mais oui, c’est vrai ! Je suis un goéland sans limites ! » et il se met à enseigner : « votre corps d’une extrémité d’aile à l’autre, n’existe que dans votre pensée, qui lui donne une forme palpable. Brisez les chaines de vos pensées et vous briserez aussi les chaînes qui retiennent votre corps prisonnier… »

En nous invitant à regarder avec notre esprit, et non à nous fier uniquement aux yeux de notre entourage, ce petit livre nous dit, à chacun d’entre nous, qu’ainsi, nous trouverons la voie de l’envol. 

Tout comme Jonathan, nous ne devons pas accepter qu’être handicapé puisse de façon inéluctable impliquer de devoir rester limité toute sa vie à sa condition d’handicapé.
Un livre à emporter pendant ces fêtes de fin d’année… qui vous donnera des ailes, j’en suis sure !
Joyeuses fêtes auprès de vos proches !

mardi 3 décembre 2019

Restaurants « hors-norme » : osez donner du sens à vos déjeuners professionnels !


Vous êtes à la recherche d’un lieu pour un déjeuner avec votre client préféré ? Vous voulez proposer un café à votre collaborateur pour prendre le temps d’une discussion tranquille ? Vous voulez organiser un déjeuner d’équipe dans un lieu convivial et « qui change » ? Surprenez vos clients, vos partenaires, votre équipe… en les invitant dans un des nombreux restaurants ou cafés extra-ordinaires qui fleurissent un peu partout en France ! De véritables lieux « hors-norme » qui emploient, en salle comme en cuisine, des salariés porteurs de trisomie 21 ou présentant un trouble autistique.

 A l’origine de ces lieux ? Des initiatives privées nées sous l’impulsion d’entrepreneurs engagés et soucieux d’offrir à des personnes en situation de handicap mental ou cognitif un emploi en milieu ordinaire pour qu’elles s’y épanouissent. Soucieux également de faire changer les regards de la société.
Résultats ? Des dizaines de CDI créés, des espaces conviviaux et chaleureux avec la garantie d’une bonne ambiance car ici, les salariés sont tellement heureux d’avoir un emploi « normal » qu’ils donnent le meilleur d’eux-mêmes ! A la clé, de bonnes tables, des produits frais et du marché, des producteurs sélectionnés rigoureusement et pour certains une activité de traiteur et des privatisations possibles.
A l’heure où des programmes dits "inclusifs" sont déployés à grande échelle dans les entreprises, à l’heure où ces mêmes entreprises sont en quête d’une « mission » encouragée par la loi Pacte, à l’heure où les Millenials exigent de leur employeur du senspourquoi ne commenceriez-vous pas par organiser vos déjeuners dans l’un de ces restaurants ?

On vous donne quelques idées !
A Paris, vous avez le choix, selon vos envies, entre le café Joyeux (Opéra), les Petits plats de Maurice (11ème) et Le Reflet (Marais) qui vient d’ouvrir ses portes et dont le parrain est… le Chef de l’Elysée ! Optez pour En 10 Saveurs si vous allez du coté de Levallois-Perret, fondé par Christophe et Nathalie Gerrier qui avaient déjà lancé il y a plus de 20 ans "Handirect",  une société de services aux entreprises qui emploie uniquement des personnes handicapées.
En Province, la Bretagne est à l’honneur avec les deux restaurants ‘pilote’ que sont le Reflet (version nantaise) qu’avait imaginé la jeune dirigeante Flore Lelièvre et le Café Joyeux à Rennes. A Nantes également, vous pouvez opter pour le Chromosome Resto… D’autres lieux similaires vous accueillent à Mulhouse chez Un petit truc en plus ; à Valenciennes à  La cantine de Joséphine ; O Bell’Endroit à La Roche sur Yon; au Jardin Pêcheur à Bordeaux qui accueillera bientôt un nouveau Café Joyeux dont on ne présente plus l’enthousiaste initiateur Yann Bucaille !

Aujourd’hui 3 décembre, journée mondiale des personnes handicapées… Vous savez ce qu’il vous reste à faire ? Une façon pour vous de soutenir ces initiatives, de mettre en œuvre dans votre quotidien professionnel les valeurs prônées par votre entreprise… et de créer un lien sûrement particulier avec votre invité qui ne pourra qu’être favorablement surpris de votre initiative très personnelle.

dimanche 24 novembre 2019

Conversation joyeuse avec Carine, psychologue et directrice de La Ruche : Liberté, Egalité…Fragilité !



Aujourd’hui, nous faisons connaissance avec Carine dont l’expérience dans le handicap mental, grâce à son métier et l’association qu’elle dirige, mérite d’être partagée.
Psychologue libérale, Carine accompagne des personnes handicapées mentales en souffrance ainsi que leurs familles. Pour en savoir plus sur ses consultations et/ou prendre rvs, c’est ici.

Par ailleurs, Carine vous invite à la Vente de Noël des Amis de la Ruche (nous en avions parlé il y a 1 an), l’atelier d’artisanat qu’elle anime et qui accueille des personnes porteuses ou non d’un handicap. La vente de ses talentueuses abeilles aura lieu mardi 26 novembre de 9 à 19h, 8 avenue Dutertre, 78150 Le Chesnay. Venez nombreux, plein de jolis cadeaux à trouver !

Allez, on écoute à présent le témoignage de Carine !

Pouvez-vous en quelques lignes, vous présenter et nous dire quel est votre lien avec le handicap (familial, amical, associatif…) ?
 Depuis que je suis toute petite, j’ai toujours été attirée par les personnes handicapées, leur tendresse, leur spontanéité, leur façon d’être en vérité, et leur humour m’a toujours touchée. En rentrant à l’Ecole des Psychologues Praticiens, dans les années 90, je souhaitais déjà travailler auprès d’elles.
Il y a 12 ans, j’ai eu la chance de participer à l’aventure de la création de la Ruche, atelier d’artisanat, où se réunissent des personnes porteuses ou non d’un handicap mental (la plupart sont des personnes porteuses de trisomie 21), j’y suis directrice. Mon rôle est de coordonner l’ensemble de l’atelier et de veiller à l’épanouissement de chacun de nos jeunes handicapés.
De nombreuses personnes qui viennent à la Ruche me disent que c’est leur plus beau moment de la semaine ! Je crois que cette atmosphère de paix et de joie, dans un climat de bienveillance, leur fait du bien !
Depuis plusieurs années, en parallèle, je me suis installée une journée par semaine en tant que psychologue clinicienne en libéral pour accompagner des personnes porteuses d’un handicap mental, ainsi que leurs parents et leurs frères et sœurs.

Racontez-nous une anecdote positive, un beau souvenir partagé aux côtés d’une ou plusieurs personnes handicapées, une situation qui vous a touchée, émue, fait rire, stimulée…
Difficile de choisir une anecdote ou un beau souvenir, tellement il y en a ! La dernière que j’ai trouvée très belle : je demande aux jeunes, au cours d’un jeu de société, quelle est la devise de la France. Ils me répondent, avec leur spontanéité qui nous touche tant : liberté, égalité, FRAGILITE ! Une devise que l’on aimerait avoir plus dans notre société, non ?

Que vous apportent les personnes handicapées que vous côtoyez ?
Le contact avec une personne handicapée évolue d’abord de la compassion, au désir d’aider, puis vient l’émerveillement devant les richesses de son cœur : sa fidélité, sa soif d’aimer et d’être aimée, son désir de paix, d’unité et de vérité.
Dès la première rencontre, elles me touchent et me désarment par leur simplicité dans les relations aux autres, dans leur manière d’être en vérité.
Je les aime pour elles-mêmes, pour ce qu'elles sont, dans leur simplicité, leur joie, leur tendresse. Je suis touchée par leur fécondité : elles suscitent la charité, la gentillesse, l’ouverture aux autres. Elles m’obligent à prendre du recul, à accepter et à comprendre leurs fragilités, dues à leur handicap.
Elles me donnent des leçons d’humilité.

Spontanément, quels sont les mots-clé (un nom, un adjectif…) que vous associez aux personnes handicapées mentales ?
Je crois que le titre du documentaire sur Jean Vanier sorti en janvier dernier au cinéma est très évocateur : L’ELOGE DE LA TENDRESSE.

Selon vous, quelle est la qualité principale dont il faut faire preuve pour accompagner une personne handicapée avec le sourire ?
L’empathie bien sûr, l’humour aussi ! C’est également une de leurs qualités !

Avez-vous envie de partager quelque chose en particulier ?
Je voudrais vous partager un bel exemple de leur fécondité, qui m’a profondément touchée.
Il y a quelques années, j’ai été mise en lien avec de jeunes parents qui venaient d’avoir une petite fille trisomique. Ils étaient complètement perdus, un tsunami venait de s’abattre sur eux. Afin de réfléchir avec recul, ils ont fait le choix de la laisser en pouponnière pour prendre la meilleure des décisions possibles, à savoir la confier à l’adoption ou l’accueillir dans leur foyer.
Après avoir eu beaucoup de jeunes parents au téléphone, ils ont souhaité être en contact avec moi afin de parler du handicap à l’âge adulte. C’est la maman qui a souhaité rencontrer des jeunes de la Ruche, elle avait besoin de se projeter pour que sa décision murisse.
Le rendez-vous était donc pris. J’avais choisi deux jeunes femmes trisomiques, très amies, et très différentes aussi. L’une assez intériorisée et calme, l’autre plus bavarde et plus exubérante. Je leur avais juste dit que j’avais eu au téléphone des parents qui venaient d’avoir un petit bébé trisomique et qu’ils étaient contents de les rencontrer. En aucun cas, j’ai parlé d’abandon éventuel du bébé, trop violent pour ces jeunes.
Après avoir visité la maison où elles habitent, et avoir parlé de leur quotidien, nous nous sommes réunis autour d’un café, les parents avaient l’air à l’aise et heureux de cette rencontre.
Puis la maman s’est adressée à moi et m’a dit : « comment je sais si je serai une bonne mère ? »
Anne-Laure s’est alors gratté la gorge, et avec beaucoup de calme et de profondeur, l’a prise dans ses bras et lui a dit, (sans bégayer, ce qui est exceptionnel) :
« Toi, Sophie, tu es déjà une bonne mère. Et toi, Martin, tu es déjà un bon père. Vous savez, quand je suis née, mes parents ils ont dit : quoi, elle est trisomique ? Ils ont beaucoup pleuré. Mais votre bébé, c’est Dieu qui l’a créée, et il l’aime. S’il est trisomique, c’est pas de ta faute. Mes parents quand j’étais petite, ils m’ont appris plein de chose, je suis allée à l’école, j’ai grandi, et maintenant je suis heureuse, c’est grâce à mes parents. »
Nous étions tous très émus, Anne-Laure avait tout dit. Elle leur a parlé de cette culpabilité qui les minait, elle les a rassurés, avec ses mots, ses gestes.  En tant que chrétienne, j’ai senti la force de l’Esprit Saint agir en elle.
Quelques jours plus tard, j’ai appris que ces jeunes parents étaient allés rechercher leur petite fille à la pouponnière. Et que les mots d’Anne-Laure leur avaient permis de prendre leur décision.

Vous connaissez une personne en situation de handicap ou un aidant désireux d'un soutien et d'un accompagnement psychologique ?