samedi 30 mars 2019

Bipolarité et Créativité, un lien qui existe au-delà de la rime


Qu’ont en commun, au-delà de leur célébrité et de leur créativité, Churchill, Victor Hugo, Michel Ange, Van Gogh, Hemingway, Chopin, Freud, Ray Charles, Marlon Brando, Benoit Poelvoorde ?
Leur bipolarité. En cette journée mondiale de troubles bipolaires, petit éclairage sur cette pathologie souvent méconnue du public et très difficile à diagnostiquer par le corps médical.

Comment se manifeste-t-elle ?
« On a tous quelqu'un pour qui on voue une admiration sans limite. Mon grand-père, par exemple, était quelqu'un que j'aimais énormément. J'ai hérité trois choses de lui : son épaisseur de cheveux, son sens de l'humour, et une bipolarité de type 1. La bipolarité, ou psychose maniaco-dépressive comme on l'appelait avant, est une maladie qui touche 1 à 2 % de la population. C'est une affection qui vous fait passer d'un état très enthousiaste (ou maniaque) à de longs états de déprime végétative qui vous clouent au sol de votre douche ou à votre lit pendant des heures ou des jours. Elle pousse environ 15 % des gens qui en sont atteints au suicide."

C’est le témoignage de A., jeune femme bipolaire qui a bien voulu nous livrer quelques impressions sur sa maladie. « Comme elle fascine et entraîne des comportements à peu près inexplicables, on la retrouve assez régulièrement dans les séries et les films : c'est Carrie Mathison dans Homeland ou Pat Solitano dans Happiness Therapy. Pourtant, cette maladie est loin d'être aussi glamour que Bradley Cooper veut vous le faire croire. Sachez-le, vous ne mettrez jamais personne dans votre lit en lui parlant de votre traitement au Lithium. Récemment, mon psychiatre m'a demandé si j'avais ‘honte d'être bipolaire’. Si j'essayais de le cacher. Si le fait de prendre des médicaments, à mon âge, était encore un sujet tabou sur lequel je souhaitais ne pas m'étendre, rester vague, ou mieux, le taire purement et simplement. Là, j'ai pensé aux rares personnes avec qui j'avais abordé le sujet : mes parents, mes meilleurs amis et mon copain. Et j'ai réalisé que oui, en effet, je cherchais par tous les moyens à dissimuler ma maladie. »
Avant d’ajouter : « Aujourd'hui je sais qu'il ne faut pas avoir honte d'être bipolaire. Pas plus du moins que d'avoir un rhume ou une jambe cassée. Le seul truc que je regrette, c'est qu'il ait fallu autant de temps pour trouver le bon traitement, même si c'est un traitement objectivement lourd et contraignant. À l'heure où les maladies mentales sont encore un sujet tabou dans notre société où tout doit être parfait, j'espère que les mentalités évolueront. »

S’il fallait pour autant retenir un aspect positif…
… ce sont les nombreuses études mettant en avant un lien entre créativité et bipolarité. Les conclusions de ces études scientifiques sont sans appel : chez les personnes créatives, la prévalence de maladie mentale, dont le trouble bipolaire et la schizophrénie, est anormalement élevée.
Même si je ne peux m’aventurer à affirmer que 100% des artistes et écrivains cités au début de cet article souffraient de bipolarité, les patients atteints de troubles bipolaires soulignent leur « grande sensibilité, plus grande créativité, capacité de concentration, clarté et perception accrue de la pensée. » Certains parlent de « loupe grandissante entre moi et les émotions ».  
Et c’est un fait avéré par la recherche : ces patients peuvent être ingénieux, pleins d'humour, créatifs, quand ils ne sont pas dans une phase de dépression et de tristesse inhérente à cette maladie.

Vous avez besoin d’aide ? Argos comme...
... la fameuse balise qui permet de localiser les personnes en détresse : L’association de patients Argos 2001, reconnue par le corps médical comme étant la principale association de patients bipolaires, met à votre disposition une mine d’informations et propose du soutien…
 
La bipolarité en chiffres

·       1,6 million de personnes atteintes de troubles bipolaires en France.
·       Classée parmi les dix pathologies les plus invalidantes selon l’OMS.
·       Associée à un taux important de suicide, jusqu’à 20 %.
·       30 à 50% des patients présentent des déficits cognitifs.
·       50% des patients ne suivent pas leurs prescriptions médicales avec régularité.

jeudi 21 mars 2019

Trisomie et Poésie, des rimes pour la Vie !


Aujourd’hui c’est à la fois la journée mondiale de la trisomie 21 et celle de la poésie ! Pour tous ces enfants « tombés du nid », je ne résiste pas à partager avec vous un magnifique poème de Tahar Ben Jelloun, poète franco-marocain et Prix Goncourt. Il vous semble long ? Vous serez récompensé par les quelques minutes que vous lui octroyez car le raccourcir est une gageure et une offense à l’émotion... J’ai tenté et vite renoncé : chaque vers est juste, tendre et empli d’une immense poésie ! Laissez-vous porter par ces rimes pour la Vie !

Amine, mon fils trisomique
Cet enfant est une écorce d’un fruit rare,
Il est le fruit de toutes les saisons
Qui réchauffe nos hivers par sentences d’amour
Une liberté qui nous ravage et nous étonne.
S’il est imprévu c’est qu’il est un soleil sans caprice dans un ciel trop clair pour nos yeux
Il déborde de douceur qui embrase nos sentiments,
On dit de ses semblables qu’ils sont « affectueux » comme s’ils étaient des chiens de compagnie.
La bonté fait son lit dans son regard et éclaire le jour le plus sombre
A notre tendresse émue il se lie pour toujours
Sans malice ni fronde, tel un temps apaisé
Il est le rêve arraché à une aberration, astre des nuits sans sommeil
Cet enfant libre ne souffre pas quand le regard torve se promène sur sa peau
Nous souffrons et nous l’éloignons de l’œil mauvais
Il en rit et nous dit « c’est pas rave ! »
Dans nos jardins il est roi des roses
Jamais l’hiver ne traverse sa lumière
Jamais les mots n’écorchent sa bouche,
Il avale les mots mal venus dans un dictionnaire invisible
Il court derrière des papillons et montent sur des arbres pour surveiller les moineaux
Seul il a le pouvoir de changer en pomme une pierre jetée, de faire d’une insulte une fleur qui rayonne de lumière
Ce n’est pas un saint ni un prophète
C’est un enfant jailli d’un baiser, un amour, une douleur
Il n’est pas comme les autres
Il est innocence éparse dans une société qui ment
Il touche à l’essaim de tant d’étoiles du simple fait de rire aux éclats
Il est cette liberté dont on n’écrit nulle part son nom
Si la mémoire le néglige, il la secoue avec ses cascades de syllabes enflammées
Il est l’égal d’un trésor à la peau brune et épaisse
Nous rappelant que la vie est une source chaude et contradictoire
Belle à prendre dans l’impatience et sans chaînes
Il n’est pas la contrariété se lisant dans les yeux des passants
Car son visage est aussi un miracle comme celui de ses camarades
Un miracle parce qu’il est unique et singulier comme celui de milliards d’enfants
Il est celui dont on se souvient tout le temps avec le sourire d’une rivière qui le berce
Jardinier aux compétences multiples, il trouve l’herbe rare faite pour guérir
Joue du piano posant à peine ses doigts sur le clavier
Même s’il ne sait pas lire, il ouvre le livre à la page de nos maux
Il n’est pas un prodige, juste un champion voltigeant sur les cimes
Ce n’est pas un héros endormi, un arbre invalide
Il est amoureux de grandir et de faire des exploits
Tant d’ardeur dans ce cœur qui veut tout embrasser
Tout connaître et tout aimer
Ses nuits ressemblent aux nuits des poètes où les rêves s’impriment sur les draps
Au regard de la forêt et des questions,
Il répond par des questions
Curieux des mots qu’il prononce mal, il les répète jusqu’à la confusion
« Golgol, moi, jamais ! »
Pas de « Gogol » ici ou ailleurs.
C’est une victoire sur la fêlure et la pointe cruelle d’une nuit aveugle
Etre solaire, infiniment neuf à toutes les émotions,
Nulle disgrâce ni défaut de fabrication
Seul le destin illuminé par cette présence qui éloigne la douleur
Veille toutes saisons confondues sur la patience et la joie
Il montre le chemin parce qu’il est du mystère
Il provient du secret des nuages qui se battent pour lui plaire
Les torrents et les maisons dansent dans ses dessins
Même s’il chante faux, ses mots se font légers
Il est l’étincelle venue réveiller les sentiments
Il est celui qui marche devant et que nous suivons
Il s’arrête au seuil de la maison du Bien, boit du lait et mange du pain
Cela suffit pour clamer son bonheur
Heureux de son appétit de vivre et de rire
Il rit du vent et adore les oiseaux pleins de couleurs
Ses silences sont bavards
Ce sont ses yeux qui posent les questions
Et nos réponses suintent d’insuffisance
Cet enfant est devenu homme
Aux commandes du navire de l’enfance
Amiral, poète et amoureux
Il brasse les vagues et chante les jours heureux
Son ancrage est une prouesse large et magnifique
Dans sa marche il distancie l’ange de la pure clarté
De lui on nous a dit « il ne fera pas les grandes écoles ! »
Il a fait mieux : telle une route tracée sur le flanc d’une montagne verticale, il a tracé dans sa vie et la nôtre un perpétuel arc-en-ciel, un amour qui
dément la brutalité et la bêtise.

dimanche 10 mars 2019

Un nouveau logo radieux et une robe toute neuve pour Handi CapSourire !


Six mois après sa naissance, Handi CapSourire s’offre les apparats du jaune safrané de Van Gogh et ses tournesols avec des habits dorés et un nouveau logo !
Nous avons pris le parti d’un visage composé de ½ sphères légèrement décalées, traversées par un immense sourire, pour évoquer délicatement la différence. Lumineux, joyeux, synonyme de générosité et de gaieté… tout comme Louise et Alex qui ont accepté très gentiment de mettre leur créativité au service de Handi CapSourire ! Je les remercie du fond du cœur.
Avouez que vous avez le sourire quand vous le regardez ? Alors, partagez sans compter ce billet pour offrir un petit plaisir simple et réjouissant.