mercredi 16 octobre 2019

Hortithérapie : des jardins au secours des personnes en détresse psychique ou mentale


Développer les capacités de chacun et l’estime de soi, favoriser l’échange et le bien-être… c’est ce que permettent des activités liées aux jardins, un ‘outil thérapeutique’ de plus en plus utilisé dans les parcours de soin des personnes vulnérables – handicapées (retard mental ou troubles moteurs), en situation de déséquilibre psychique ou cognitif (pathologies psychiatriques, maladies d’Alzheimer…). 

Proposées dans certains hôpitaux, en EHPAD ou en centre médicosocial, les séances d’hortithérapie sont animées par des professionnels de santé (ergothérapeutes, psychomotriciens, psychologues…), des jardins-thérapeutes ou des éducateurs spécialisés. Et elles font leurs preuves !
Parce que les patients affinent leur sens de l’observation et leur capacité de concentration grâce au jardinage. Parce que jardiner aide à se repérer : en regardant la nature pour déterminer la saison, observer le temps qui passe matérialisé par une fleur qui se transforme en tomate, des arbres qui jaunissent puis perdent leurs feuilles… Les autres sens sont également stimulés comme le toucher (la mousse toute douce, les ronces), l’odorat (plantes aromatiques), l’ouïe (le vent dans les arbres, les bourdonnements d’insectes) … et récompense suprême : le goût, car les jardiniers en herbe peuvent alors goûter au fruit de leur travail, un moment forcément gratifiant ! Au bout du compte : une façon d’impliquer la personne vulnérable en lui faisant pratiquer une activité physique en plein air, de la responsabiliser et de lui permettre de se sentir utile.

Une méthode qui remonte au XVIIIème et qui arrive tout juste en France !
Si vous n’êtes pas totalement convaincus, sachez que cette méthode mise au point par le psychiatre américain Benjamin Rush remonte à 1798 ! Elle s’est ensuite répandue aux États-Unis, au Japon (reconnu pour ses jardins zen !) et dans certains pays européens (GB, Suisse), bien avant la France encore balbutiante, qui ne reconnait d’ailleurs à ce jour aucune formation officiellement.

Vous voulez en savoir plus et identifier un centre qui propose de l’hortithérapie ?
Pour vous aider, une sélection de 3 acteurs qui œuvrent quotidiennement en faveur des jardins thérapeutiques :

  •   L’association Jardins & Santé finance et met en place depuis 10 ans des jardins thérapeutiques en milieu hospitalier ou médicosocial.

  •  La Fondation Cognacq Jay, qui a pour vocation de développer des œuvres de solidarité sociale, encourage depuis toujours le développement d’ateliers de jardinage au sein de ses établissements.

  • Enfin la fondation George Truffaut soutient des projets favorisant le bien-être des personnes en les reconnectant à la nature, à travers des initiatives de jardins de soins & santé, solidaires et d’insertion.

Après tout, ne dit-on pas qu’il faut cultiver son jardin ? 😉

Convaincus par les bienfaits de la nature ? Retrouvez aussi ceux de l’équithérapie ici.

vendredi 4 octobre 2019

Semaine du Sourire et du Handicap : Handi CapSourire fête sa 1ère année et vous donne la parole !



Souriez, c’est la journée mondiale du sourire aujourd’hui… et dans quelques jours, le 9 octobre, ce sera celle du handicap !
Avouez que pour souffler sa première année, mon blog Handi CapSourire est gâté !

Près de 12 mois et 60 articles plus tard… Me voilà forte de rencontres extraordinaires avec les équipes de Tombée du Nid, de la Nuit du Handicap, de Numéro 1 Scolarité, du Café Joyeux, de la Ruche !
Me voilà plus riche de toutes les initiatives positives dont j’ai pu parler sur ce blog au service des personnes handicapées : leur emploi (plateforme et évènement dédiés), leurs loisirs (voyage, équitation, mobilité…), leur cause (livres, films et pièces engagées).
Me voilà enfin confortée dans mon engagement par tous vos encouragements – merci, merci, merci à tous du fond du cœur – pour poursuivre l’aventure et ouvrir Handi CapSourire à des contributions extérieures.

Vous voulez vous exprimer sur ce blog ? C’est désormais possible !
Mon objectif est simple : m’aider à semer de nouvelles graines en faveur d’une société plus inclusive et accueillante de la différence, grâce à la multiplication de témoignages positifs, enthousiastes !
En vous donnant la parole (et la plume 😉), Handi CapSourire va s’enrichir de nouvelles initiatives méritant d’être valorisées et contribuant à faire changer les regards sur le handicap. 

Prêts à vous lancer ?
Pour contribuer, il suffit de m’envoyer un mail et on en parle avec le sourire : handi.capsourire@gmail.com
Twitter : @HandiCapSourire

Semons de petites graines ensemble !

Amitiés à tous,
Bénédicte

mardi 1 octobre 2019

L’inclusion scolaire des enfants handicapés en France passe par une nécessaire révolution culturelle




La scolarisation des enfants handicapés dans les écoles dites ordinaires est aujourd’hui le modèle le plus répandu dans l’Union européenne qui affiche sa volonté de rendre l’inclusion scolaire effective. Malgré cet objectif commun, il existe des réalités contrastées. Si depuis 40 ans, l’Italie et la Suède détiennent la palme d’or en matière d’inclusion éducative, la France, elle, accuse un retard considérable, notamment pour les enfants présentant un trouble autistique. Alors qu’en Italie 100% des enfants autistes sont scolarisés dans une classe ordinaire, ils sont à peine 20 % en France !
Comment parler de société inclusive quand 80% des enfants en difficulté sont exclus du système scolaire français ? C’est oublier les conséquences dramatiques en termes d’exclusion sociale et d’intégration professionnelle qui privent la société française de véritables richesses fondées sur la différence.
Si la réforme de l’école inclusive en cours va dans le bon sens, sa réussite est conditionnée à une évolution en profondeur de nos regards sur le handicap, d’ordre culturel… Nous ferions bien de nous inspirer de certains de nos voisins !

Le retard français : un frein culturel ?
Depuis la loi de 2005 sur le handicap, l'école ordinaire est ouverte à tous les enfants handicapés. Pourtant, en France, notre société ne parvient pas encore à scolariser la plupart de ces enfants là où d’autres pays sont exemplaires. Au-delà de freins techniques et économiques, l’acceptation de ces personnes dans la vie quotidienne semble poser problème. La réponse à ce blocage d’ordre culturel ? L’isolement, le placement massif… dans des institutions spécialisées. Pire : la « délocalisation » de personnes handicapées en Belgique ! Chaque année, environ 8000 seraient contraintes de s’exiler dont 4000 autistes pour pallier les déficiences du système français !
D’autres pays comme la Norvège, l’Islande ou l’Italie ont réussi à scolariser l’ensemble des enfants en situation de handicap. Leur système est basé sur l’inclusion de ces enfants dans des classes exclusivement ordinaires et aménagées : effectifs réduits et formation des personnels éducatifs. Ajoutons qu’en Suède, l’absence d’insertion sociale est considérée comme une « maltraitance » et une atteinte aux droits civiques fondamentaux.
Une enquête récente (1) réalisée à la demande de 3 associations de personnes handicapées vient conforter la « résistance » française : si les Français se déclarent « favorables » à la scolarisation des enfants en situation de handicap dans les classes ordinaires, « avec les autres enfants » , reste qu’ils se montrent plus nuancés concernant les enfants autistes ou avec une déficience intellectuelle, avec respectivement 46% et 49% d’entre eux qui considèrent que le meilleur mode de scolarisation pour ces enfants est l'établissement spécialisé.

Les conséquences en chaîne de l’exclusion scolaire
Notre société très normée laisse hélas peu de place, dès le plus jeune âge, à la singularité et aux formes d’intelligences différentes. Conséquences ? Du côté des 700 000 personnes touchées par des troubles du spectre autistique, 66% des autistes qualifiés « asperger » envisagent de se suicider. Cause principale invoquée ? L’exclusion sociale ! Savez-vous par ailleurs que 96% des enfants trisomiques dépistés avant la naissance font l’objet d’un avortement ? Comment ce chiffre résonne-t-il auprès des 50 000 citoyens français atteints de trisomie 21 ? Changer radicalement notre manière culturelle d’appréhender la trisomie 21 pour lutter contre les préjugés et permettre aux parents de mieux assumer n’est-il pas le début d’une solution ?
Corollaire de ces exclusions scolaire et sociale : un taux de chômage touchant deux fois plus les demandeurs d’emploi en situation de handicap (20%, soit 510 000 chômeurs). Et une société qui s’interdit la richesse qu’offre la neurodiversité ! 

La réforme de l’école inclusive : une impulsion politique décisive pour changer les mentalités
L'objectif du Gouvernement est clair : offrir à tous les enfants une solution et faire en sorte que l’école soit véritablement inclusive. De nombreuses mesures vont dans ce sens : multiplication des contrats d’AESH (Accompagnant des Elèves en Situation de Handicap) et formation associée obligatoire de 60 heures ; création de pôles inclusifs dans les établissements scolaires (plusieurs centaines de classes ULIS créées : Unité Localisée pour l’Inclusion Scolaire et + 250 ULIS au lycée annoncées d’ici 2022).
Les premiers résultats de ce processus inclusif sont positifs : en 2004, il y avait 37 000 élèves en situation de handicap dans les collèges et lycées, ils sont aujourd’hui environ 140 000, auxquels s’ajoutent 180 000 élèves en maternelles et primaires. Succès quantitatif certes mais qui ne pourra se transformer en victoire une fois seulement que le « droit à l’éducation sans discrimination » posé par l’ONU en 2006 sera intégré comme idéal inclusif par la société française.

La participation des citoyens handicapés à la vie démocratique et économique exige des aménagements qui doivent commencer dès l’enfance, à l’école de la République. Confrontés dès le plus jeune âge à la différence, les jeunes l’intègreront naturellement.  Car l’école est un lieu d’acquisition de connaissances et de compétences mais aussi un lieu de socialisation où se construit la capacité de TOUS les futurs citoyens à vivre ensemble. Nous avons tous à y gagner car une société qui exclut les personnes vulnérables en raison même de leur vulnérabilité est une société qui perd en humanité.

(1)  : sondage réalisé par Harris Interactive à la demande de trois associations de personnes handicapées (Trisomie 21, la Fnaseph et l'ANPEA) – août 2019.

Pour savoir où scolariser un enfant handicapé, retrouvez mon article ici.