samedi 9 mai 2020

Sous prétexte de l’aimer, je la cueille et je mets fin à son destin.


 Je partage avec vous un poème de l’immortel François Cheng qui, l’air de rien, nous dit tout de notre relation à la vie, à la mort… Des vers qui nous interrogent, sobrement et sans jugement mais un « oui, pourquoi ? » en ouverture qui nous met face à nos responsabilités, avec force et évidence…



C’est inexplicable cette vie humaine.
Personne n’a de vie en soi ;
on vit toujours pour quelqu’un d’autre.

Regarde cette fleur sauvage
qui ne porte même pas de nom.
Comme elle est pleinement elle-même,
sous prétexte de l’aimer,
je la cueille, et je mets fin à son destin.

Ainsi sur cette terre,
sous ce ciel, quelqu’un vit innocemment sa vie ;
d’autres, s’accordant des droits sur lui,
font négligemment un geste pour l’interrompre,
avant de disparaître un jour eux-mêmes,
sans que personne ait jamais su pourquoi.

Oui, pourquoi ?