mercredi 25 mars 2020

Une lueur d’espoir : nous réalisons enfin que nous sommes tous vulnérables !


Beaucoup a déjà été dit et écrit sur le coronavirus et ce n’est que le début. J’ai pourtant envie d’ajouter une page à l’immense livre qui s’est ouvert en partageant avec vous les paroles de Moustapha Dahleb, un auteur qui nous arrive du Tchad. Parce qu’elles sont une prise de conscience soudaine, brutale de la vulnérabilité et de la fragilité de chaque être humain. Et c’est en réalisant humblement que chacun d’entre nous est vulnérable que nous révélons enfin notre solidarité et notre humanité. Voilà un bel enseignement ! Puisse-t-il perdurer au-delà de la crise sanitaire surmontée et nous permettre de changer définitivement notre regard sur les personnes en situation de handicap !
 
L'HUMANITÉ ÉBRANLÉE ET LA SOCIÉTÉ EFFONDRÉE PAR UN PETIT MACHIN

Un petit machin microscopique appelé coronavirus bouleverse la planète. Quelque chose d'invisible est venue pour faire sa loi. Il remet tout en question et chamboule l'ordre établi. Tout se remet en place, autrement, différemment.

Ce que les grandes puissances occidentales n'ont pu obtenir en Syrie, en Lybie, au Yemen… ce petit machin l'a obtenu (cessez-le-feu, trêve...).
Ce que l'armée algérienne n'a pu obtenir, ce petit machin l'a obtenu (le Hirak a pris fin).
Ce que les opposants politiques n'ont pu obtenir, ce petit machin l'a obtenu (report des échéances électorales...).
Ce que les entreprises n'ont pu obtenir, ce petit machin l'a obtenu (remise d'impôts, exonérations, crédits à taux zéro, fonds d'investissement, baisse des cours des matières premières stratégiques..).
Ce que les gilets jaunes et les syndicats n'ont pu obtenir, ce petit machin l'a obtenu (baisse de prix à la pompe, protection sociale renforcée...). 

Soudain, on observe dans le monde occidental que le carburant a baissé, la pollution a baissé, les gens ont commencé à avoir du temps, tellement de temps qu'ils ne savent même pas quoi en faire. Les parents apprennent à connaître leurs enfants, les enfants apprennent à rester en famille, le travail n'est plus une priorité, les voyages et les loisirs ne sont plus la norme d'une vie réussie.
Soudain, en silence, nous nous retournons en nous-mêmes et comprenons la valeur des mots solidarité et vulnérabilité.
Soudain, nous réalisons que nous sommes tous embarqués dans le même bateau, riches et pauvres. Nous réalisons que nous avons dévalisé ensemble les étagères des magasins et constatons ensemble que les hôpitaux sont pleins et que l'argent n'a aucune importance. Que nous avons tous la même identité humaine face au coronavirus.
Nous réalisons que dans les garages, les voitures haut de gamme sont arrêtées juste parce que personne ne peut sortir.

Quelques jours seulement ont suffi à l'univers pour établir l'égalité sociale qui était impossible à imaginer. La peur a envahi tout le monde. Elle a changé de camp. Elle a quitté les pauvres pour aller habiter les riches et les puissants. Elle leur a rappelé leur humanité et leur a révélé leur humanisme.
Puisse cela servir à réaliser la vulnérabilité des êtres humains qui cherchent à aller habiter sur la planète Mars et qui se croient forts pour cloner des êtres humains pour espérer vivre éternellement.
Puisse cela servir à réaliser la limite de l'intelligence humaine face à la force du ciel.
Il a suffi de quelques jours pour que la certitude devienne incertitude, que la force devienne faiblesse, que le pouvoir devienne solidarité et concertation. 
Il a suffi de quelques jours pour que l'Afrique devienne un continent sûr. Que le songe devienne mensonge.
Il a suffi de quelques jours pour que l'humanité prenne conscience qu'elle n'est que souffle et poussière. 

Qui sommes-nous ? Que valons-nous ? Que pouvons-nous face à ce coronavirus ?
Rendons-nous à l'évidence en attendant la providence.
Interrogeons notre ‘’humanité’’ dans cette ‘’mondialité’’ à l'épreuve du coronavirus.
Restons chez nous et méditons sur cette pandémie.
Aimons-nous vivants !

mercredi 4 mars 2020

Pauline et Eva… jusqu’au 29 juin au Musée de l’Homme



Photo : Astrid di Crollalanza
« Bien sûr, on les regarde dans la rue, dit leur père, elles sont jumelles, elles sont belles et elles sont trisomiques. Elles attirent le regard et ça ne me dérange pas. Leur joie de vivre est mon cadeau. Un jour, un homme les entendant parler dans un langage qui n’appartient qu’à elles a demandé :
-      Mais quelle langue parlent-elles ? »
-      Elles parlent mongolien, vous ne parlez pas le mongolien, vous ? »

Pour Pauline et Eva, le déplacement à l’exposition « Être beau » du Musée de l’homme vaut le détour. Une exposition qui rassemble 18 portraits croqués par la romancière Frédérique Deghelt et photographiés par Astrid di Crollalanza, avec un point commun : le handicap, visible ou caché. Quel miroir nous tendent ces corps différents ? Pourquoi nous bousculent-ils ? Qu’ont-ils à nous apprendre ? En quoi sont-ils beaux et touchants ? Comment nous questionnent-ils sur la normalité/ l’anormalité ? Pourquoi leur handicap passe en arrière-plan, derrière la personne qu’ils sont avant tout ?
Les portraits, autant que les cartels, méritent que l’on s’y attarde car ils interrogent notre humanité, notre conscience au plus profond de nous et pour cela, je remercie le musée de l’homme de cette initiative louable et « esthétique ».
Prenez deux minutes sur Arte pour mieux comprendre l’intention de F.Deghelt et d’A. di Crollalanza :

Mon rêve le plus cher à présent ? Une exposition audacieuse sur « le handicap dans le temps » : son évolution ? sa perception ? comment est-il intégré aux communautés humaines de la préhistoire à nos jours ? Est-il considéré différemment selon que je vive dans un village au fin fond de l’Afrique ou dans une grande métropole ?

Voilà un projet ambitieux auquel je veux bien prendre part et qui aurait toute sa place ici car, OUI, le Musée de l’Homme est le Musée de TOUS les hommes !