dimanche 3 mars 2019

Conversation joyeuse avec Hortense, tout jeune psychomotricienne passionnée en charge d’enfants en situation de handicap


Direction le Liban aujourd’hui, à la rencontre d’Hortense qui réalise une mission de service civique (on avait évoqué toutes les possibilités il y a quelques semaines) au sein de l’association libanaise SESOBEL, pour mettre en pratique ses toutes nouvelles compétences en psychomotricité ! Une expérience extraordinaire dont elle témoigne, et que je vous invite à partager car cela peut donner des idées.
Peux-tu en quelques mots te présenter et nous dire quel est ton lien avec le handicap ?
J’avais 14 ans lorsque mes parents m’ont dit que nous allions passer la journée avec des personnes handicapées dans une association, nommée Foi & Lumière. Cette idée ne m’enchantait pas vraiment… Le handicap à cette époque m’était inconnu et m’intimidait. J’ai donc suivi mes parents avec des pieds de plomb !
Une heure s’était à peine écoulée lorsqu’une jeune trisomique vient me voir pour me demander mon prénom. Je réponds d’une voix timide que je m’appelle Hortense et que c’est la première fois que je viens à Foi & Lumière. Elle m’embrasse et poursuit : « Tu sais ce que Jésus m’a dit pendant la messe ? » - Avec un regard d’étonnement je fais signe que non - « Il m’a dit qu’il m’avait faite différente des autres, mais qu’il m’avait donné un coeur bien plus gros que les autres pour que je puisse aimer tout le monde ; alors Hortense, je ne te connais pas, mais je t’aime déjà ! » Sa parole m’a touchée en plein coeur, me faisant réaliser que malgré mon ignorance sur le handicap, je l’aimais déjà !

Cette rencontre a été déterminante pour la suite, si je comprends bien ?
J’ai alors fait des études de psychomotricité. Aujourd’hui diplômée, j’effectue un service civique au Liban dans une association exceptionnelle, appelée SESOBEL.
SESOBEL accueille la journée des enfants en situation de handicap. Cependant, elle ne se contente pas d’être une simple structure d’accueil… C’est une « maison d’amour » qui prend soin de chaque enfant pour leur permettre de mener une vie de dignité. L’association prend en charge des personnes en situation de handicap de leur naissance jusqu’à leur vie adulte.
Toute l’équipe de SESOBEL met un point d’honneur à les accompagner dans leurs projets de vie et dans l’accomplissement de leurs rêves.

En dépit d’un pays où le handicap reste tabou, à SESOBEL j’ai rencontré de nombreuses personnes (aux handicaps variés) épanouies, heureuses et créatives, travaillant au sein de différents ateliers. Elles œuvrent dans les ateliers de pré-presse (graphique design), d’hôtellerie (réception, room service, ménage) de couture, de peintures, de chocolaterie, de chorale, de photographie… Elles occupent des postes dans le domaine administratif, en cuisine ou encore comme aide éducateur dans les classes. Elles contribuent au développement de la société et permettent à SESOBEL de vivre et de s’agrandir !

En quoi consiste ton métier de psychomotricienne auprès des personnes handicapées ?
La psychomotricité, c’est l’expression corporelle de notre vie psychique, affective, intellectuelle et relationnelle, tant dans son fonctionnement que dans sa structure. Être psychomotricien, c’est avoir un regard global sur la personne. On ne prend pas en charge le handicap mais un être humain, avec son histoire, sa famille, ses désirs, son projet de vie, ses rêves, ses capacités et ses difficultés.

A SESOBEL, je suis accueillie par l’équipe des psychomotriciennes pour réaliser ma mission de volontaire en exerçant la psychomotricité auprès d’enfants lourdement handicapés. Au début et avec la barrière de la langue, les enfants pouvaient se montrer réticents lors de mes propositions de jeux ou d’activités... mais très vite ils m’ont accordé leur confiance pour, qu’ensemble, nous puissions effectuer de belles choses. Parfois je me sens démunie et impuissante devant l’importance du handicap, mais les enfants sont merveilleux et à chacun de mes doutes ils m’apportent réconfort par un sourire, un regard, un progrès. Ils m’apprennent ainsi à leur faire confiance.

Tu donnes beaucoup Hortense, mais à t’entendre, tu sembles beaucoup recevoir en retour, n’est-ce-pas ?
Les personnes handicapées m’ont apporté tant de choses, et je ne sais si je serai capable un jour de leur rendre. Elles m’ont donné l’envie de faire ce métier, elles m’ont appris à faire confiance aux autres, elles m’ont transmis leur simplicité à être heureux, elles m’ont montré la persévérance, elles m’ont témoigné de l’importance de l’amour et elles m’ont prouvé que rien nest impossible.

Pour mieux connaître l'association Sesobel, c'est ici en images.