La journée nationale des Dys aujourd'hui? Entendez journée des troubles cognitifs dont le nom débute par dys... comme dyslexie, dysphasie, dyspraxie ! Nous avons la chance à cette occasion d'avoir le témoignage d'Aude, très engagée comme vous le verrez chez Numéro 1 Scolarité, association spécialisée dans le soutien scolaire aux enfants Dys.
Pouvez-vous, en quelques lignes, vous présenter et nous dire quel est votre lien avec le handicap (familial, amical, associatif…) ?
Pouvez-vous, en quelques lignes, vous présenter et nous dire quel est votre lien avec le handicap (familial, amical, associatif…) ?
Je m'appelle Aude, j'ai 48 ans et je travaille depuis trois ans dans
une association* qui propose du soutien scolaire pour enfants
« différents », c'est à dire porteur d'un « dys »,
dyslexie, dysphasie, dyspraxie, et autant d'autres « dys » que
d'enfants, d'un TDA /H, de TSA mais aussi d'EIP/HP. Reconnus handicapés la
plupart du temps, à divers degrés selon l'intensité de leur trouble et leurs
capacités « à compenser », leurs situations par rapport à la
scolarité et aux rapports aux autres ressemblent à un parcours du combattant
dès la maternelle. Notre but à l'association est de les accompagner au plan
scolaire en s'adaptant le plus possible à leurs profils et personnalités, en
leur rendant leur dignité d'élève bien souvent mise à mal parce qu'ils
« ne rentrent pas dans le moule » ou que l'école « n'est pas
adaptée à eux ». L'écoute des parents, de leurs besoins, de leurs
attentes, de leurs interrogations fait également partie de cet accompagnement
que l'association propose, en lien avec des professionnels du monde médical et
para-médical.
Racontez-nous une anecdote positive, un beau souvenir partagé aux côtés d’une ou plusieurs personnes handicapées, une situation qui vous a touché, ému, fait rire, stimulé…
Depuis plusieurs mois, j'accompagne Alexis en français, un jeune homme
de presque 18 ans, scolarisé en lycée professionnel. Il est reconnu à la MDPH
pour une forte dyspraxie et un TDAH. Il a de grandes difficultés à écrire et
doit utiliser un ordinateur en classe et lors des évaluations. Tout au long de
sa scolarité et encore cette année, sa maman, aide-soignante, s'est battue pour que son fils reste en
filière dite « classique » et pour que les aménagements prévus pour
lui soient véritablement mis en place, ce qui n'est toujours pas le cas.
Alexis, qui est très à l'aise à l'oral et très intelligent, m'a dit lors de
notre première rencontre qu'il « était l'enfant de trop dans sa famille »,
lui qui est né bien après ses aînés et qui « pourrissait la vie de ses
parents à cause de ses problèmes ».
Pour l'instant rien de vraiment positif mais au bout de quelques temps,
ne sachant pas si j'aidais vraiment Alexis, sa maman a répondu à mon
questionnement. Elle me disait que son fils s'était totalement ouvert à la
maison, qu'il parlait, partageait ses journées, chose qu'il ne faisait pas
avant. Elle a ajouté que pour Alexis, les moments d'échanges avec mon collègue
de mathématiques et moi-même lui apportaient énormément parce qu'il ne se
sentait pas jugé comme à l'école. Quoi de plus gratifiant et surtout, ces
paroles m'ont redonné une grande motivation car Alexis, très pudique, ne m'en
avait jamais parlé, je me sentais impuissante et pensais ne rien lui apporter.
Depuis, le soutien continue, les résultats d'Alexis aux épreuves du Brevet
ont été excellents.
Que vous apportent les personnes handicapées que vous côtoyez ?
Très égoïstement, de grandes satisfactions personnelles. J'apprends en
premier à me connaître et (je l'espère), à m'améliorer car si je veux vraiment
les aider, l'humilité, l'écoute, l'acceptation de l'échec, de mes limites, me
permettent de me remettre en question très souvent. C'est la motivation pour
moi, chaque petit pas, si petit soit-il, est une grande satisfaction.
Spontanément, quels sont les mots-clé (un nom, un adjectif…) que vous associez aux handicapés mentaux ?
Regard, différence.
Selon vous, quelle est la qualité principale dont il faut faire preuve pour accompagner une personne handicapée avec le sourire ?
Patience /humilité, cela en fait deux mais je les mets au même niveau
d'importance.
(*) Pour celles et ceux que cela pourrait intéresser,
l’association où travaille Aude s’appelle Numéro 1 Scolarité et est
présente dans toute la France à travers plusieurs
agences.
Elle aide dans leur scolarité les enfants atteints de
troubles de l'apprentissage, dyslexie, dyspraxie, dysorthographie, dyscalculie,
de troubles de l'attention avec ou sans hyperactivité, les précoces ou hauts
potentiels.
Aude y est coordinatrice, responsable pédagogique et
professeur de français… et elle est à 1000000% engagée auprès de tous ces
jeunes !