mercredi 10 octobre 2018

Conversation Joyeuse avec Aude, à l'occasion de la journée des DYS


La journée nationale des Dys aujourd'hui? Entendez journée des troubles cognitifs dont le nom débute par dys... comme dyslexie, dysphasie, dyspraxie ! Nous avons la chance à cette occasion d'avoir le témoignage d'Aude, très engagée comme vous le verrez chez Numéro 1 Scolarité, association spécialisée dans le soutien scolaire aux enfants Dys.

Pouvez-vous, en quelques lignes, vous présenter et nous dire quel est votre lien avec le handicap (familial, amical, associatif…) ?
Je m'appelle Aude, j'ai 48 ans et je travaille depuis trois ans dans une association* qui propose du soutien scolaire pour enfants « différents », c'est à dire porteur d'un « dys », dyslexie, dysphasie, dyspraxie, et autant d'autres « dys » que d'enfants, d'un TDA /H, de TSA mais aussi d'EIP/HP. Reconnus handicapés la plupart du temps, à divers degrés selon l'intensité de leur trouble et leurs capacités « à compenser », leurs situations par rapport à la scolarité et aux rapports aux autres ressemblent à un parcours du combattant dès la maternelle. Notre but à l'association est de les accompagner au plan scolaire en s'adaptant le plus possible à leurs profils et personnalités, en leur rendant leur dignité d'élève bien souvent mise à mal parce qu'ils « ne rentrent pas dans le moule » ou que l'école « n'est pas adaptée à eux ». L'écoute des parents, de leurs besoins, de leurs attentes, de leurs interrogations fait également partie de cet accompagnement que l'association propose, en lien avec des professionnels du monde médical et para-médical.

Racontez-nous une anecdote positive, un beau souvenir partagé aux côtés d’une ou plusieurs personnes handicapées, une situation qui vous a touché, ému, fait rire, stimulé…
Depuis plusieurs mois, j'accompagne Alexis en français, un jeune homme de presque 18 ans, scolarisé en lycée professionnel. Il est reconnu à la MDPH pour une forte dyspraxie et un TDAH. Il a de grandes difficultés à écrire et doit utiliser un ordinateur en classe et lors des évaluations. Tout au long de sa scolarité et encore cette année, sa maman, aide-soignante,  s'est battue pour que son fils reste en filière dite « classique » et pour que les aménagements prévus pour lui soient véritablement mis en place, ce qui n'est toujours pas le cas. Alexis, qui est très à l'aise à l'oral et très intelligent, m'a dit lors de notre première rencontre qu'il « était l'enfant de trop dans sa famille », lui qui est né bien après ses aînés et qui « pourrissait la vie de ses parents à cause de ses problèmes ».
Pour l'instant rien de vraiment positif mais au bout de quelques temps, ne sachant pas si j'aidais vraiment Alexis, sa maman a répondu à mon questionnement. Elle me disait que son fils s'était totalement ouvert à la maison, qu'il parlait, partageait ses journées, chose qu'il ne faisait pas avant. Elle a ajouté que pour Alexis, les moments d'échanges avec mon collègue de mathématiques et moi-même lui apportaient énormément parce qu'il ne se sentait pas jugé comme à l'école. Quoi de plus gratifiant et surtout, ces paroles m'ont redonné une grande motivation car Alexis, très pudique, ne m'en avait jamais parlé, je me sentais impuissante et pensais ne rien lui apporter.
Depuis, le soutien continue, les résultats d'Alexis aux épreuves du Brevet ont été excellents.

Que vous apportent les personnes handicapées que vous côtoyez ?
Très égoïstement, de grandes satisfactions personnelles. J'apprends en premier à me connaître et (je l'espère), à m'améliorer car si je veux vraiment les aider, l'humilité, l'écoute, l'acceptation de l'échec, de mes limites, me permettent de me remettre en question très souvent. C'est la motivation pour moi, chaque petit pas, si petit soit-il, est une grande satisfaction.

Spontanément, quels sont les mots-clé (un nom, un adjectif…) que vous associez aux handicapés mentaux ?
Regard, différence.

Selon vous, quelle est la qualité principale dont il faut faire preuve pour accompagner une personne handicapée avec le sourire ?
Patience /humilité, cela en fait deux mais je les mets au même niveau d'importance.

(*) Pour celles et ceux que cela pourrait intéresser, l’association où travaille Aude s’appelle Numéro 1 Scolarité et est présente dans toute la France à travers plusieurs agences.
Elle aide dans leur scolarité les enfants atteints de troubles de l'apprentissage, dyslexie, dyspraxie, dysorthographie, dyscalculie, de troubles de l'attention avec ou sans hyperactivité, les précoces ou hauts potentiels.
Aude y est coordinatrice, responsable pédagogique et professeur de français… et elle est à 1000000% engagée auprès de tous ces jeunes !